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Prime à la casse

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Un éminent confrère (à moins qu’il ne s’agisse d’une consoeur non moins éminente !) a écrit ces derniers jours que le samedi 19 octobre 2013 aura été le “11 septembre” du quinquennat de François Hollande. Autrement dit, un tournant historique avec cette fameuse pantalonade autour de l’affaire Leonarda. Il est sans doute trop tôt pour le dire tant il est vrai que l’histoire a besoin de temps pour se lire. Mais de toute évidence, ce quinquennat est mal parti, à moins qu’il ne soit déjà arrivé, c’est à dire qu’il ne soit désormais sommé d’attendre sa fin institutionnelle… dans une quarantaine de mois !
On peut ne pas avoir été au nombre des électeurs du Président de la République actuel et ne pas souhaiter pour autant une crise politique majeure. Ce qui est grave, ce ne sont pas les records d’impopularité du Président de la République dont on nous rebat les oreilles tous les matins (l’opinion est si versatile !). Non, ce qui est profondément grave et inquiétant, c’est l’immobilisme auquel François Hollande est aujourd’hui condamné, comme assigné à résidence ! Chacun sait les grandes réformes qu’il faudrait engager. Hélas, dans la situation politique actuelle, plus aucune réforme ne sera désormais acceptée par l’opinion, fusse-t-elle indispensable au redressement du pays. Or, il faut réformer et sans doute au prix de bien des constestations. Tout le monde se reconnait dans le fameux “ras-le-bol fiscal” que Pierre Moscovici doit bien regretter d’avoir conceptualisé. Mais si l’on ne veut plus voir augmenter les impôts, il faudra bien accepter que baissent enfin les dépenses de l’Etat. Par où et par qui commence-t-on ? Si les impôts sont trop lourds, et ils le sont, je vous fiche mon billet que personne n’acceptera facilement des coupes sombres dans les dépenses publiques. Coupes sombres qui concerneront forcément un jour ou l’autre, les budgets sociaux !

Désormais, et depuis “l’ajournement” de l’éco-taxe (autre tournant historique de l’histoire politique contemporaine), l’écologie n’est plus la priorité et c’est regrettable au regard des immenses enjeux. La fameuse éco-taxe, dont l’idée est déjà vieille de 6 ans, ne verra jamais le jour, du moins dans les modalités jusqu’ici imaginées. Quand une décision prend autant de temps pour aboutir, c’est qu’il y a un os congénital ! Je prends le pari qu’aucun gouvernement ne prendra le risque de relancer un tel débat avant longtemps. Imagine-t-on qu’on exhume bientôt le contrat première embauche (CPE), cher autrefois à M. de Villepin, sous prétexte qu’il n’était pourtant pas dénué d’intérêt pour les jeunes qui l’ont combattu !?
On va beaucoup gloser à propos de cette énième reculade. Le gouvernement n’avait pourtant d’autre choix, s’il “voulait éviter l’engrenage de la violence” comme l’a dit Jean-Marc Ayrault. Mais comment ne pas voir là une “prime à la casse” ? Devant la violence des manifestations bretonnes, passées et à venir, le pouvoir a sagement recherché l’apaisement. Pourquoi n’a-t-il pas eu la même attitude quand des centaines de milliers de Français ont battu le pavé des villes et celui de la capitale l’hiver dernier, pour dire son opposition au projet de “mariage pour tous” ? Ils étaient autrement plus nombreux encore que les Bretons, et tout aussi déterminés. Leur seul tort aurait-il été de rester pacifiques, d’avoir manifesté sans jamais rien casser, sans n’avoir jamais insulté personne ? Comme toujours, on cède plus facilement aux gros bras et la France silencieuse le vit mal ce soir, même si elle ne doit surtout pas regretter d’avoir toujours eu une attitude digne et respectueuse…
Deux poids, deux mesures donc. Ou plutôt deux attitudes, deux réponses, et celle qui l’a emporté n’est hélas ni la meilleure, ni la plus républicaine !
Le pouvoir est ce soir totalement et définitivement “cramé”, paradoxalement protégé par des institutions que ses ancêtres avaient pourtant combattues. Il lui faudrait trouver une porte de sortie, mais laquelle ? Dans un billet mis en ligne ce 29 octobre, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, énumère une dizaine de solutions institutionnelles possibles. Le problème, c’est qu’aucune ne lui paraît ni souhaitable, ni envisageable. Un référendum serait perdu, une dissolution aussi, un changement de gouvernement inutile, une démission inimaginable et le pourrissement, mortel ! Alors quoi ? François Hollande devra avoir de l’imagination pour survivre politiquement… Et nous de la patience pour que s’engage enfin le pays sur la voie du redressement. Mais visiblement, ce n’est pas pour maintenant !


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